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L'avenir des métiers liés à l'aéronautique face à la crise


La crise sanitaire mondiale que nous connaissons aujourd’hui semble faire de la survie, le véritable enjeu de l’ensemble des acteurs du secteur aérien. Mais qu’en est-il réellement ? Cette crise va-t-elle affecter l’ensemble des parties prenantes de manière homogène ou bien va-t-elle au contraire profiter à certains ? On a beaucoup parlé de l’affaiblissement irrémédiable de pans entiers de l’industrie aéronautique.Certains métiers de sous-traitance sont-ils condamnés à radicalement se transformer ou bien alors voués à disparaître ?



Photo d’un Boeing 747 à l’image de la crise sanitaire que nous traversons.


Les mots justes et profonds de Francis Pollet dans son ouvrage Le futur de l’avion, résument parfaitement la situation critique des employés travaillant dans les entreprises sous-traitantes : « L’industrie aéronautique est passée d’une croissance euphorique à un trou d’air sans précédent, un véritable décrochage… ».



Une crise rappelant de mauvais souvenir.


La crise sanitaire que nous traversons depuis un certain temps a causée bon nombre de désastres, bien qu'elle soit différente des précédentes. Remémorons-nous la crise attentat du 11 Septembre 2001, causant un traumatisme mondial d’un point de vue émotionnel avec un total de 2977 morts. Rappelons aussi que la crise économique de 2008 fut tout aussi importante pour le secteur aéronautique avec des conséquences bien différentes de ce que nous connaissons de aujourd’hui avec la crise du COVID 19.

Notons içi que malgré les crises parcourues fin XXe, début XXIe, l'industrie aéronautique a toujours su se relever des ces impasses bien malheureuses.




Réduction significative des cadences de production.


Depuis plus de trente ans, la production d’aéronefs chez AIRBUS et plus particulièrement d’A320 n’a cessé de croitre. Si bien qu’en 2019, la production mensuelle d’avions monocouloir (avion dont le fuselage contient un couloir avec deux rangées de sièges) en sortie d’usine était de 60, maintenant elle n’est plus que de 40. Cette baisse d’environ un tiers causée par la crise semble avoir mis fin à tout espoir de passer un jour de cadences de 70 voire 80 avions par mois. Mais, elle a aussi bouleversé de manière radicale l’organisation des sous-traitants du secteur aéronautique ainsi que des compagnies aériennes. D’aucuns pensent que la production d’aéronefs pourrait durablement s’ajuster à 30% en dessous de son niveau d’avant crise.


Photo d’un ouvrier travaillant la partie supérieure d’un cockpit.

Conséquences directes sur les employés des constructeurs.

Les deux principales firmes du secteur aérien que sont Boeing et Airbus ont toutes deux subi des annulations sans précédent (respectivement 689 et 69 fin juillet 2020). BOEING a annoncé des licenciements, réduisant de 10% ses effectifs soient près de 19 000 postes, qui vont sans doute se poursuivre. En ce qui concerne Airbus, après une perte de 1,9 milliard d’euros dès le premier semestre 2020, la firme annonça de nombreuses suppressions de postes : 15 000 dans le monde dont 5 000 en France. Notons tout de même un point positif pour Airbus avec un carnet de commandes plutôt confortable de 7 539 exemplaires, dont 6 125 appareils de la famille des A320. Ainsi, Airbus semble renforcer son avance sur les monocouloirs par rapport à Boeing, fortement pénalisé par les déboires du 737 MAX.



Qu’en est-il des sous-traitants ?

La crise sanitaire fut un véritable désastre pour les entreprises sous-traitantes des constructeurs. En effet, alors qu’elles avaient investi massivement (à la demande des avionneurs pour pouvoir répondre aux hausses prévues de cadences), embauché et accepté les baisses de prix exigées par Airbus et Boeing au motif qu’elles vendraient plus, elles ont dû faire face à des baisses d’activité comprises entre 40 et 60%. Afin de limiter l’impact de leurs plans sociaux, les avionneurs ont pris la décision de réinternaliser certaines productions (usinages de pièces) ou travaux d’ingénierie jusqu’alors sous-traités. Le gel de tout nouveau projet ou développement a impacté aussi les bureaux d’études des sous-traitants. Les plans sociaux se sont multipliés dans l’ensemble de la supply-chain avec des réductions d’effectifs proches comprises entre 30 et 40% des effectifs.

Les entreprises les plus saines sont toutefois parvenues à reprendre le contrôle de leur destinée comme le groupe Rossi Aéro qui a su profiter du “volet aéronautique” du Plan “France Relance” pour engager un plan d’investissement de modernisation de 20 millions qui s'accompagnera de la création d'une quarantaine d'emplois supplémentaires. D’autres comme Socomore, spécialiste du traitement de surfaces pour l’aéronautique se sont lancé dans la fabrication de gel hydro alcoolique et de lingettes désinfectantes ! Une lueur d’espoir dans un océan de désastre.



En définitive, l’avenir ?


Le secteur aéronautique sera-t-il durablement déstabilisé par cette crise sans précédent ?


Certaines entreprises disparaitront et on assistera à ce mouvement de consolidation tant attendu et tant de fois repoussé en raison de la structure actionnariale familiale largement prépondérante de bon nombre de ces acteurs de petite taille et néanmoins clés de la supply-chain aéronautique. Avec les plans sociaux, certaines entreprises se sont définitivement privées de compétences importantes qu’elles n’auront plus pour rebondir quand le marché repartira. Mais on peut aussi compter sur l’ingéniosité de nos ingénieurs aéronautiques français pour réinventer cette industrie, une fois la situation stabilisée. L’avion zéro carbone sera peut-être cette nouvelle frontière…2030 à l’échelle aéronautique, c’est déjà demain !








Livre: Le futur de l’avion de Francis Pollet


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