top of page

Pourquoi les avions sont-ils tous identiques ?


Un avion c’est quoi pour vous ? Pour beaucoup, c’est un tube métallique volant qui utilise des ailes, des réacteurs et une touche de magie pour vous transporter d’un point A à un point B. Pour ma part, c’est une passion qui me suis depuis tout petit. J’arrive à voir les subtilités et les différencier. Cependant, même pour un passionné, il existe une grande ressemblance entre les avions de ligne. Mais pourquoi ? Explication en 5 points.


Une forme avec peu de compromis


Pour comprendre pourquoi les avions suivent tous cette norme, nous devons remonter au temps de la Seconde Guerre mondiale. Avant, l’aviation commerciale n’existait pas vraiment, les avions étaient utilisés pour transporter le courrier, les troupes en temps de guerre et parfois en tant que bombardiers.


Le réacteur est développé par les Anglais et Allemands durant la guerre pour les avions de combat. La guerre étant terminée, les usines chargées de la construction de ces avions avaient deux options : faire faillite ou innover.


C’est après de nombreuses itérations que les ingénieurs de De Havilland se sont accordés sur la forme du Comet, le premier avion à réaction destiné à être vendu et utilisé par des compagnies aériennes pour transporter des passagers. Comme tout design de première génération, il présentait des inconvénients, qui seront corrigés par la suite par Boeing avec le 707.


Tous les avions depuis le Comet n’ont fait qu’améliorer la forme de leur prédécesseur en l’ajustant progressivement pour gagner en efficacité et en sureté. Aujourd’hui encore, les avions de ligne s’inspirent de ce premier design, alors que celui-ci date de plus de sept décennies. C’est une forme qui fonctionne et est sûre mais qui atteint maintenant ses limites sur le plan de l’efficacité.


Une innovation stagnante


Pour savoir pourquoi nous sommes actuellement en période de stagnation d’avancées dans le monde de l’aéronautique, il faut considérer le duopole Airbus-Boeing et leur rôle dans la construction de près de 80% des avions de ligne du monde.


Airbus ne pourrait pas exister sans Boeing et vice-versa. A cause de leur interdépendance, ces géants semblent moins chercher à innover pour battre leurs concurrents en faisant des choix risqués, que d’améliorer par petites touches successives les versions précédentes de leurs avions. Le but : satisfaire les clients tout en gardant leur part du marché.


La sécurité : une priorité


Cette idée d’améliorer les anciens modèles plutôt que d’en développer de nouveaux ne vient pas seulement d’une volonté de réduction des coûts de recherche et développement mais d'une priorité donnée à la sécurité.


En effet, en apparence, il est plus facile de s’assurer de la sécurité d’un avion qui se base sur un modèle qui a déjà fait ses preuves pendant plusieurs années que de devoir commencer à zéro tous les tests sur un nouvel aéronef. Ces idées ont donné naissance au programme neo d’Airbus et 777x et 737MAX de Boeing.


Hors, ce dernier exemple montre qu’améliorer l’ancien design n’est pas toujours la meilleure solution. La forme du 737 date de la fin des années 1960. En voulant innover sur une forme datant de plus de 50 ans, qui n’est plus adaptée aux technologies actuelles, Boeing n’aurait-il pas commis des erreurs qui ont mené à plusieurs incidents graves ?



Parfois il est nécessaire de changer complètement un design pour s’assurer de la sécurité d’un avion, mais c’est un risque que les géants constructeurs, ayant actuellement le monopole sur le marché, ne veulent pas toujours prendre.


Des essais “ratés”


On ne peut pas dire cependant que le secteur de l’aéronautique n’a pas innové par le passé. Le Concorde, ses rivaux soviétiques (Tupolev Tu-144) et américains (Boeing 2707) n’ayant jamais abouti, montre que l’innovation est possible. Les premiers avions supersoniques civils ont dû avoir une toute nouvelle forme afin de pouvoir voler aux vitesses voulues. Ces nouveautés sont bien entendu à mettre en lien avec le contexte de la Guerre Froide qui fut un accélérateur d’innovation dans de nombreux domaines.


Mais il ne faut pas remonter aussi loin pour trouver des formes d’avions peu communes. Dans les années 1970, de nombreux avions positionnaient un troisième moteur à l’arrière de l’appareil. Sur les long-courriers comme le MD11 et le L-1011 Tristar, le but était de contourner les réglementations autour des vols transatlantiques. Mais ces designs sont devenus obsolètes depuis l’amélioration de la sécurité des réacteurs et l’assouplissement des lois.


Sur les court-courriers, les réacteurs à l’arrière ont perduré plus longtemps et sont encore présents sur de nombreux jets privés. Nous en voyons de moins en moins de nos jours, car il est maintenant préférable de les relocaliser sous les ailes où ils sont plus faciles d’accès au sol pour la maintenance et sont plus proches des réservoirs dans les ailes, ce qui augmente aussi la sécurité.


C’est donc le plus souvent lorsqu’il existe des contraintes dues à la régulation ou lorsqu’il y a un enjeu symbolique entre les nations comme pendant la Guerre Froide, qu’on voit l’innovation se manifester sur les avions. Actuellement sans ces contraintes et sans enjeux géopolitiques symboliques liés à l’aviation, les constructeurs se concentrent sur l’amélioration des anciens designs.


Un futur ambitieux mais encore incertain



On ne peut cependant pas dire que l’innovation est inexistante puisqu’il y a des efforts importants de la part d’entreprises comme Airbus et la NASA, mais aussi par de plus petites startups comme BOOM. Ces entreprises cherchent aujourd’hui à concevoir l’avion de demain, donnant lieu à de nouveaux designs bien différents de ceux d’aujourd’hui. Certains imitent les oiseaux pour profiter de millions d’années d’évolution, alors que d’autres comme « l’aile volante » se basent sur la forme la plus aérodynamique possible et construisent l’avion afin d’atteindre la meilleure forme d’aéronef.


La ressemblance entre tous les avions ne signifie pas une absence d’innovation, mais plutôt une stagnation due à l’état actuel du monde du transport aérien. Il est impossible de prédire le futur, on ne sait pas si les concepts d’aujourd’hui prendront leur en vol un jour. Ce qui est sûr, c’est que si l’on souhaite l’innovation, il faudra que les clients des avionneurs, à savoir les compagnies aériennes, aient un intérêt financier à faire voler les passagers de demain dans des avions au design nouveau.

ARTICLES RECENTS

bottom of page