« Ne vole ni trop haut car le soleil ferait fondre la cire, ni trop bas car l’écume alourdirait tes plumes. »
Voilà les dernières paroles que j’ai entendues
Pourquoi m’a-t-il dit cela ? Pourquoi me traite-t-il ainsi ?
Après tant d’années à germer dans ce labyrinthe, n’ai-je pas assez mûri ?
Moi aussi j’ai la Lumière, le Soleil ne me fait plus d’ombre
Alors, pourquoi devrais-je rester en retrait dans la pénombre ?
De cire et de plumes, ses ailes étaient faites,
D’orgueil et de vanité sa tête était pleine
Corps et esprit au-dessus des cieux,
Corps et esprit au-dessus des hommes,
Corps et esprit au-dessus des dieux,
Ne tombe plus comme la pomme
Son ego n’était pas rassasié,
Et la grandeur, il n’en avait pas assez.
Il s’élève, dépasse les nuages, le ciel, puis la Lune
Il quitte ce monde sans aucune amertume
Il voit, sous ses pieds, la bille bleue,
Dépasse les étoiles de Caelum,
Traverse la jarre du Verseau,
Evite les pinces du Cancer,
Esquive les cornes du Taureau,
Puis les flèches du Sagittaire,
La chaleur le gagne alors,
Encore plus intense cette fois,
Une de celles qui font même fondre l’or,
Icare a commis là son plus grand mal, défier toutes les lois
Un adage dit que même dans une situation de toute-puissance,
Il y a toujours une force qui nous dépasse,
Pour Icare, c’est le Soleil,
Qui lui annonce, dans sa cruelle luisance, qu’il trépasse.
Le jeune ailé pense alors à son père
« Ne vole ni trop haut car le soleil ferait fondre la cire »
Père, ainsi donc tu avais raison,
Voilà ma parure qui fond.
Il se sent alors tomber,
Refait son ascension dans le sens inverse,
Les Flèches, les Cornes, les Pinces, la Jarre, les Etoiles,
Il sent que la fin est proche,
Ses ailes brûlent, comme son ego avant elles,
Il chute
En tombant, il revoit son père,
Et comme dans son ascension, le dépasse, dans le sens inverse.
Détresse d’un père qui comprend,
Fin de la chair de sa chair,
Une ultime larme qui s’envole
Et touche la joue de son fils ailé.
Yann ATAKOUI, Zakaria CHAOUKI, Wissam EL DEBES, Kévin VIVAT
La chute d'Icare. Esquisse de Peter Paul Rubens (1577-1640).
(Photo : Jean-Louis Mazière)
Commentaires