Percer la surface d'Europe : Utiliser un tunnelier nucléaire
- Yohan RUIZ
- il y a 11 heures
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Dernière mise à jour : il y a 19 minutes
Contexte :
Europe est la quatrième plus grosse lune de Jupiter, recouverte d’un immense océan d’eau salée sous sa surface gelée, plus grand que tous les océans terrestres combinés. C’est pourquoi il est prévu d’y chercher la vie.

En quoi est-ce plus prometteur de chercher sur Europe que sur Mars ?
Les recherches menées sur Mars sont destinées à trouver des traces de vie existante passée à la surface de Mars, idéalement des fossiles de formes de vie, au milieu de sa surface désertique de cette planète bien connue. Cependant c’est un désert, et y trouver quelque chose semble difficile. À l’inverse, Europe regroupe les différentes composantes de la vie, et pas dans le passé. Son épaisse surface de deux à trente kilomètres offre une protection contre les radiations et les électrons à haute énergie, ainsi que de l’énergie thermique générée par les fortes forces de marées induites par l’énorme masse de Jupiter. Cette protection et énergie permet la chimiosynthèse dans l’eau, utilisée par certaines formes de vies sur Terre.
Trouver la vie, et ses difficultés :
Traverser la surface

Europe réunit les conditions nécessaires pour la vie, mais seulement sous sa surface. Il est possible d’étudier les geysers à la surface, mais l’eau pourrait prendre des centaines, voire millions d’années pour remonter à la surface. Les échantillons trouvables seront seulement des traces et fossiles de vie passée, ne prouvant rien sur une possible vie actuelle. Il est nécessaire de traverser sa surface, ou atteindre de plus petits lacs en chemin. Une fois que la sonde aura atteint de l’eau liquide, quelques échantillons pourraient être prélevés afin de les analyser. Cependant il y a quelques problèmes : être profondément sous la surface empêche de communiquer avec la Terre, et faire fondre la glace demande énormément d’énergie.
Andrew Dombard et ses collègues, du Glenn Research Center de la NASA, a deux solutions. La première consiste à utiliser une batterie nucléaire au dioxyde de plutonium-238, solution utilisée par les sondes Galiléo et Cassini, ou directement des briques chauffantes radioactives. La seconde solution consiste à utiliser un « réacteur nucléaire amélioré », mais cela nécessiterait un blindage épais contre les radiations, pour éviter de fausser les résultats, détruire les échantillons, voire d’endommager la sonde elle-même.
Ces deux solutions doivent être couplées avec un système de suspension, pour éviter que la sonde ne tombe et sombre une fois l’océan atteint, soutenu par un module solidement ancré à la surface. Ce module servirait de relai entre la Terre et la sonde, connecté à la sonde par un câble renforcé de fibre optique pour survivre aux mouvements de la glace, et des répéteurs radio tous les 5km en plan de secours.

Cependant, il ne suffit pas d’atteindre l’eau pour pouvoir échantillonner, puisque la chaleur produite risque d’affecter les résultats, empêchant des résultats viables. Ethan Schaler, un ingénieur en robotique mécanique au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, propose l’idée de robots miniaturisés pour récolter des échantillons loin de la sonde elle-même. Ces robots prendraient seulement 15% du volume réservés aux outils scientifiques de la sonde. Cette solution permet aussi d’observer les gradients, qui sont un moyen connu pour la vie primitive d’obtenir l’énergie qui leur est nécessaire.
Requis pour la mission
Afin de trouver une zone d’atterrissage correcte sur Europe, avec une épaisseur de surface suffisamment fine, il est nécessaire de récolter plus d’informations, puisque les données de la surface d’Europe ne sont pas suffisantes. Une mission à cet effet est prévue, appelée Europa Clipper.
Cependant, après cette mission, il faut toujours trouver un moyen d’envoyer la sonde sur Europe afin d’y percer la surface.
Solutions alternatives
Puisque nous ne pouvons pas envoyer une sonde de ce gabarit pour l’instant, il est important de considérer une autre solution, imaginée par le physicien Freeman Dyson. Son idée viens du fait que les courants convectifs d’Europe, modélisés par ordinateur, régénèrent probablement en continu la surface de glace, particulièrement à l’équateur où la surface est fine, expliquant l’absence d’impacts visibles sur la surface. Cela voudrait dire que les impacts d’astéroïdes peuvent envoyer des morceaux de glace contenant des traces de vie et formes de vie, dans l’espace. Ainsi il serait possible d’étudier ces blocs de glace à la place, de la même manière que nous avons étudié des échantillons de la Lune venant de météorites trouvées sur terre.

Conclusion :
Toutes ces idées sont des espoirs de trouver quelque chose sous la surface de cette lune gelée, mais afin de pouvoir considérer de telles solutions, il est probable que l’on ait besoin de nouvelles technologies et connaissances, et espérons que cela arrivera bientôt.
Sources :
Image de miniature de l'article : Getty/NASA