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L'invitée du mois #4: Élisabeth Gautier - vers des avions plus écoresponsables

Circuler en limitant la consommation de carburant afin de limiter la pollution émise par nos avions ? Tel est le défi du monde aéronautique de nos jours. En effet la décarbonation de nos transports est un enjeu majeur et une priorité afin que chacun puisse continuer à voyager pendant les 50 prochaines années.

Mais un avion de ligne volant sans émissions est-ce vraiment réalisable ? Nous avons pu interroger Élisabeth GAUTIER, ingénieure chez Airbus depuis 11 ans. Elle a commencé sa carrière en tant que responsable de projets, avant de rejoindre l’environnement, le procurement, les relations investisseurs, puis la communication.




- Ellen : Madame Gautier, nous savons qu’Airbus travaille sur un projet qui promet d’être une révolution dans le monde de l’aéronautique. On parle alors d’une aile volante, le “Maveric”.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

- Mme Gautier : En effet, le MAVERIC est un démonstrateur d’aile volante (ou blended wing) qui a été lancé en 2017, qui a volé pour la première fois en 2019 et a été présenté au public en 2020. Cette architecture d’avion permettrait de réduire la consommation de carburant de l’avion de 20% et est particulièrement intéressante pour accueillir de nouveaux systèmes de propulsion, comme par exemple à l’hydrogène. 2019 blinded wing ou aile volante a fait ses premières démos l’année dernière. Celle-ci a une configuration plutôt instable pour le moment ; cependant l’aile, avec sa forme réduite, permet un pilotage optimal mais également une consommation d’énergie réduite de 20%.

L’hydrogène étant volumineux, l’aile volante, de par sa large surface, serait particulièrement adaptée pour le stocker à bord.


- Ellen : Vous nous dites que l’hydrogène est un moyen très prometteur de faire voler des avions moins polluants. Mais comment choisir, parmi l’électrique, l’hybride et l’hydrogène, le meilleur moyen de réduire au maximum la pollution et/ou la consommation d’énergie sans compromettre l’économie du monde aéronautique.


- Mme Gautier : Alors, cela dépend du type de produit qui est visé lors de la conception. C’est-à-dire que l’on va privilégier l’électrique ou l'hybride-électrique avec batteries, l’hybride pour les véhicules de petite taille comme les taxis volants. Pour les véhicules de grosse taille, l'électrique et l'hybride-électrique avec batteries permettent de réduire la consommation de carburant, mais risquent de ne pas être suffisants pour la propulsion de l’avion. L’amélioration des systèmes électriques va permettre une baisse de la consommation en carburant certes, cependant la propulsion sera moins importante.

Il faut alors passer par d’autres énergies propres et c’est là où l’hydrogène est très prometteur. L’hydrogène peut être utilisé de trois façons :

*la combustion directe d’hydrogène : on remplace le kérosène par de l’hydrogène en modifiant les moteurs ;

*la pile à combustible (“fuel cells”) : l’hydrogène alimente une pile à combustible qui alimente des systèmes électriques ;

*le carburant de synthèse : l’hydrogène est combiné à du carbone pour former du carburant synthétique qui pourra être utilisé tel quel dans les avions.

Nous sommes plutôt enthousiastes sur le fait que les premiers avions pourront être mis en service d’ici 2035.




- Ellen : Ces avions seront donc plus écologiques et donc plus évolués. Ils vont alors sûrement gagner en autonomie mais pouvons-nous imaginer à l’avenir un vol sans pilote ?

- Mme Gautier : Pour les véhicules les plus petits de type « taxis », on pourrait en effet envisager la conduite autonome sans nécessité d’un pilote à bord. En revanche, pour l’aviation commerciale, l’automatisation complète de l’engin n’est pas encore à l’ordre du jour. Cependant, nous travaillons sur des projets autour de l’avion autonome afin de le rendre de plus en plus sûr, et peut-être ainsi réduire le nombre de pilotes à bord, notamment sur longs courriers.




- Ellen : À défaut d’utiliser de l’hydrogène comme nouveau carburant, avez-vous pensé à développer une autre stratégie de vol afin d’économiser de l’énergie en vol ?


- Mme Gautier : Nous avons développé une technique de vol qui s’effectue sur des avions ayant des trajectoires semblables. Plusieurs avions aillant la même trajectoire de vol vont se retrouver pour voler en formation, l’un derrière l’autre, (de la même manière que les oiseaux migrateurs). L’avion à l’avant va ainsi créer une vague au bout de son aile sur laquelle l’avion derrière va “surfer”, et ainsi utiliser moins d'énergie pour avancer. Cela pourrait permettre jusqu’à 10% d’économie de carburant pour l’avion de derrière.


Ellen :Merci Madame Gautier pour cette interview qui nous montre un avenir prometteur des avions écoresponsables !





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