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Résoudre le paradoxe de Fermi : la théorie de la "Forêt sombre"

“Existe-t-il d’autres formes de vie intelligentes dans l’univers ?". La réponse à cette question - grand tabou pour les uns et ultime fantasme pour d’autres – continue d’être débattue encore aujourd’hui par de nombreux experts. De Tsiolkovski à Carl Sagan, le débat a traversé les siècles sans pouvoir trouver de réponse parfaite. En 1950, le physicien Enrico Fermi pose les bases du paradoxe qui porte son nom : il se demande s’il est réellement possible que l’Humanité n’ait pu trouver de preuves de l’existence d’extraterrestres alors que notre système solaire est bien plus récent que beaucoup d’étoiles se trouvant dans notre galaxie. D’après lui, des sociétés plus avancées technologiquement auraient dû naître autour de ces étoiles plus vielles et laisser des traces captables depuis la Terre (ondes radio, etc…). En 1975, l’astrophysicien américain Michael H. Hart donne quatre hypothèses pour résoudre le paradoxe :


1. La probabilité qu’une civilisation aussi technologiquement avancée que la nôtre se développe est tellement faible qu’un univers de la taille du notre n’est pas assez grand pour que la chance que plus d’une civilisation similaire existent soit significative ;

2. Il est possible que des civilisations extraterrestres existent mais qu’elles ne souhaitent pas ou ne puisse pas communiquer avec nous et/ou se déplacer jusqu’à nous

3. La vie existe ailleurs mais est trop difficilement détectable ;

4. Des extraterrestres ont déjà visité notre système solaire mais sont indétectables par nos outils actuels.



De nombreux scientifiques, auteurs et penseurs continuent aujourd’hui à formuler des solutions au paradoxe en se basant plus ou moins sur ces quatre hypothèses. L’auteur chinois Liu Cixin, avec sa théorie de la Forêt Sombre, en est un bon exemple. Dans le deuxième volume de sa Trilogie des Trois Corps, Liu Cixin pose les bases de la "cosmosociologie", une discipline visant à étudier le comportement des civilisations à l’échelle cosmologique. Premièrement, on suppose qu’il existe approximativement autant de civilisation dans l’univers que d’étoiles observables (ce postulat est basé sur l’équation de Drake, ci-dessous, mais omet beaucoup de ses variables).




L’équation de Drake : N est le nombre probable de civilisations dans notre galaxie. Il dépend du nombre d’étoiles se formant annuellement dans notre galaxie (R*), de la proportion d’étoiles ayant des planètes (), de l’espérance du nombre de planètes pouvant accueillir la vie (), de la proportion de ces planètes où la vie apparaît réellement (), de la part de ces planètes ou naît la vie intelligente (), de la part de ces planètes capables de et voulant communiquer () et de la durée de vie moyenne d’une civilisation en années (L).



Ces civilisations forment une sorte de "super-société" cosmique que la cosmosociogie sert à étudier. Ensuite, on admet que le but ultime de toute civilisation dans le cosmos est la survie. Enfin, on affirme que la croissance et l’expansion d’une civilisation se déroulent à un rythme constant alors que la quantité de matière se trouvant dans l’univers n’augmente pas. De là on peut facilement imaginer que, dans un but de survie, une civilisation n’hésitera pas à en éradiquer une autre pour protéger ou accaparer des ressources. Epargner une civilisation que l’on aurait détectée fait alors prendre le risque que celle-ci se développe et prenne la décision de nous éliminer plus tard. Révéler sa position au reste de l’univers est pire encore et cela devient alors une peine de mort assurée. En découle alors l’analogie de la forêt sombre : toutes les civilisations du cosmos seraient alors des "chasseurs" dans une forêt où le moindre signal serait un signe pour tirer.

Cette théorie justifierait donc le silence apparent que la Terre enregistre depuis qu’elle a commencé à communiquer avec le reste de l’espace mais souligne aussi le destin possiblement funeste qui attend l’humanité si elle est avérée.

Même si la théorie de la Forêt sombre se révèle erronée, elle au moins le mérite de remettre en question notre rapport idéaliste à l’existence potentielle de civilisations extraterrestres.

Peut-être, qu’après tout, il n’est pas si mal d’être seuls dans l’univers…


Bibliographie et articles relatifs au sujet qui peuvent vous intéresser :

- La Forêt sombre, Liu Cixin (2017, Actes Sud)

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