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Grégoire DEJEAN

Le coût de l'espace


Depuis le début de la guerre froide, opposant Etats Unis et URSS, la course à l’espace n’a cessé de gagner en puissance. En effet, dominer l’espace était un moyen de montrer sa supériorité intellectuelle, technologique, militaire. Malgré ce que la majorité des gens pensent, l’URSS semble avoir remporté cette course dans l’ensemble. En effet, ils ont devancé les Etats-Unis dans pratiquement toutes les avancées (premiers à atteindre l’espace, premier animal/homme dans l’espace, premier à faire un tour de la terre etc...). Mais l’histoire a voulu retenir les Etats-Unis, car premiers à mettre le pied sur un astre étranger : la Lune.

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Après la chute de l’URSS et la fin de la guerre froide, pourquoi vouloir “conquérir” l’espace ? A-t-on toujours les mêmes motivations ? Ou est-ce que de nouveaux buts s’offrent à nous ?

  • Le cout de l’espace et l’intérêt des nations au cours de l’Histoire

Pour commencer voici quelques chiffres :

La France consacre le deuxième plus gros budget au monde pour le spatial après les Etats Unis. Ainsi parmi les 4,55 milliards d’euros donnés par les Etats européens à l’ESA, 1,06 milliard d’euros sont fournis par la France. Le pays apporte donc près d’un quart du budget européen. Ceci fait de lui le premier contributeur européen devant l’Allemagne (968,6 millions d’euros) et l’Italie (589,9 millions d’euros) pour 2021.

Si l’Europe se distingue, les montants investis par les Etats-Unis pour financer les activités spatiales restent toutefois largement supérieurs. En effet, en 2021, le budget de la NASA atteint les 23,27 milliards de dollars. Une somme en hausse de 2,84%, souligne BFM. À l’échelle de la population américaine, le coût est donc de soixante-dix dollars par habitant par an.


Aujourd’hui, la course à l’espace a toujours les mêmes objectifs dans l’ensemble. Elle est non seulement devenue un moyen de renforcer son influence sur la scène internationale mais aussi de développer toujours plus ses moyens de communications et sa puissance militaire (notamment l’espionnage). De plus, l’espace est un puit sans fond de connaissances. Plus nous expérimentons et envoyons des vaisseaux, des satellites, des astronautes dans l’espace, plus nous en apprenons sur notre Univers. Que ce soit par l’observation, avec le télescope Hubble (plus récemment James-Webb), mais aussi par l’expérimentation, avec la Station Spatiale Internationale qui est un véritable laboratoire installé dans l’espace. C’est donc également une manière non-négligeable de s’affirmer sur le plan scientifique.

Mais il ne faut pas non plus oublier que sans recherche spatiale, nous n’aurions ni GPS, ni météo, ni réseaux bancaires ou encore, pas de télécommunications et moins d’emplois aussi...

Ainsi, l’espace est aujourd’hui indispensable à notre société. Toutefois, vous aurez probablement remarqué que l’on a omis un « détail » aujourd’hui au cœur de l’actualité spatiale : l’entrée des acteurs privés. Car aujourd’hui, quand on parle d’espace, ce n’est plus la NASA qui nous vient directement en tête, mais pour beaucoup, ce sont des sociétés comme SpaceX par exemple.

Voici un graphique très parlant avant de rentrer dans le vif du sujet : l’évolution des investissements dans les entreprises spatiales entre 2000 et 2019.


  • Les acteurs privés, une révolution qui bouscule le monde spatial

Pour citer quelques noms majeurs (que vous connaissez peut-être) : SpaceX, Virgin Galactic, Blue Origin, Planetary Ressources, Boeing, Facebook, OneSpace… et la liste est longue et ne cesse de s’agrandir. Contrairement à ce que l’on peut penser, ces sociétés spatiales privés ont toujours existé. En effet, les institutions n’étaient pas en mesure de produire toutes les pièces ou même de concevoir les plans des engins spatiaux dans leur intégralité (perte de temps, d’argent etc.), car il le domaine spatial ne peut pas occuper tout le temps / argent d’un Etat (il faut aussi gérer l’économie, le social, la géopolitique …). Ce qui change en revanche, c’est leur “importance” dans ce domaine. Avant de voir les chiffres, il faut comprendre la différence majeure entre les institutions et les sociétés privées : la facilité d’accès aux fonds. Assemblée qui débat pour attribuer des fonds en fonction de la demande de l’administrateur de l’entreprise. Tandis que si vous êtes un acteur privé, rien ne vous empêche de mettre toute votre fortune dans votre société. Et c’est là toute la différence qu’on a aujourd’hui : les grandes fortunes. Dans le passé, un homme ne pouvait pas détenir plus d’argent que son pays. Or aujourd’hui, Elon Musk est plus riche que son pays d’origine : l’Afrique du Sud !

Voici la part des investissements privés dans le domaine spatial au cours des années.



Mais ces acteurs privés sont tout de même bridés. Il faut bien comprendre que malgré le développement des acteurs privés, tous les marchés ne leur sont pas ouverts. L’exemple le plus parlant est celui du marché militaire : les acteurs privés ne peuvent pas développer la moindre technologie à but militaire avec un objectif lucratif ou concurrentiel. C’est-à-dire, qu’une institution peut faire appel à des acteurs privés, mais ceux-ci ne peuvent pas accéder à ce marché sans les institutions (ils fonctionnent donc sous contrat). De plus, face à l’ambition démesurée du CEO de SpaceX, qui affirmait qu’il serait le premier à envoyer des hommes sur Mars, la NASA a affirmé qu’une entreprise privée ne pourrait pas mettre le pied sur un autre astre avant un Etat lui-même. C'est aussi une des raisons qui poussera la NASA à s’allier à SpaceX.

La privatisation transforme alors l'industrie spatiale. En effet, l'arrivée de SpaceX a contraint les européens à réorganiser la filière spatiale, la société américaine ayant cassé les prix de mise en orbite et fabricant ses propres lanceurs. L'entreprise bénéficie également d'importants contrats avec la NASA (comme expliqué plus haut) lui permettant d'abaisser le coût de lancement commercial. Du côté européen, la joint-venture Airbus Safran Launchers a récemment racheté les parts du CNES dans Arianespace afin de confier une part plus importante de l'activité au secteur privé. C’est une révolution totale du monde spatial.

Pour mieux vous rendre compte des « conséquences » de l’arrivée des acteurs privés dans le domaine spatial, voici un graphique représentant l’évolution du coût du kilogramme de quelques modèles de fusée au fur et à mesure des tirs.


Vous noterez l’inscription « reusable » de certains lanceurs. En effet, l’entreprise SpaceX a développé ces dernières années des lanceurs capables de revenir au sol après utilisation et d’être réutilisés ensuite. Cette innovation a permis de faire économiser plusieurs millions à l’entreprise et fait rentrer dans la filière spatiale une touche d’écologie, car jusqu’à présent, on laissait les lanceurs être détruits dans l’atmosphère ou s’écraser dans l’océan.

Toutefois, si le coût des lancements devient un critère important dans l’esprit des clients, la compétence des équipes et la fiabilité du lanceur utilisé restent des facteurs prépondérants. En effet, plus un lanceur est fiable, plus faible est le coût de l'assurance et donc plus faible est le coût du tir. Et personne n’a envie de voir exploser un chargement à plusieurs millions à cause d’un manque d’investissement dans le choix du lanceur… C’est un des atouts majeurs de l’ESA avec ses lanceurs ARIANE : très fiables, et capable d’atteindre toutes les orbites (polyvalence).

Pour conclure, l’espace est aujourd’hui indispensable à notre société et son coût non-négligeable est en baisse au fur et à mesure du temps notamment avec l’arrivée des acteurs privés. Il s’agit d’une bouffée d’oxygène pour la recherche spatiale, ce qui va permettre des contrats comme celui de la NASA-SpaceX qui est un succès jusque-là. Le domaine spatial a encore de beaux jours devant lui...




Sources :


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