13 Mai 2048, 21h46
Cher Journal,
Aujourd’hui, je t’écris pour la première fois depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, l’apocalypse a commencé.
Ma journée a débuté comme une journée habituelle. Comme tous les matins je partais travailler à l’observatoire solaire de Toulouse dans ma voiture autonome. En arrivant, mon collègue me fit remarquer une activité anormale du soleil et de ses vents. Ces phénomènes restent assez courants, mais nous devions être vigilants car nous savions l’effet que peuvent avoir ces vents solaires sur la Terre. Ce flux composé de particules électriquement chargées, tel que des électrons, des protons et des noyaux d’hélium est très peu dense (environ 10 particules par centimètre cube). En temps normal, nous sommes protégés de celui-ci grâce à la magnétosphère, la couche dans laquelle le champ magnétique terrestre est confiné et qui forme un bouclier autour de notre planète. Seulement, lorsque la vitesse des vents atteint les 1000 km/s, alors notre bouclier se retrouve inefficace et incapable de nous protéger. Les conséquences qu’engendrent de tels vents sont dramatiques et c’est malheureusement ce que nous avons pu constater.
Peu après 10h, un autre observatoire nous communique leurs enregistrements d’aurores boréales aperçues près du cercle arctique la nuit dernière. Ce phénomène provenant des vents solaires vient confirmer certains de nos doutes. Et de notre côté, on enregistre une acticité toujours croissante du soleil.
Soudain, en une fraction de seconde le laboratoire tout entier s’est retrouvé plongé dans le noir. Bien sûr nos systèmes de sécurité auraient empêché une simple panne d’électricité de faire ça. J’ai donc tout de suite compris ce qu’il venait de se passer. Cette menace invisible qui régnait jusqu’à présent au-dessus de nos têtes, s’était abattue sur nous dans le plus grand des silences, sans que personne ne s’en aperçoive. La tempête solaire était d’une trop grande amplitude, et les vents sont arrivés jusque dans notre atmosphère. Sans s’en rendre compte, nous venions de faire un pas de géant vers le 18ème siècle. En effet, les orages magnétiques créés par l’intrusion brutale de particules chargées dans notre atmosphère ont la particularité de la perturber. Ils ont donc endommagé les différents réseaux. Notre premier réflexe a été de sortir dans la rue pour être sûr de ce qu’il venait de se produire. C’est alors que nous avons découvert qu’en moins de deux minutes le chaos s’était installé en ville. Les gens, pris de panique en voyant que leur téléphone et tous les gadgets avec lesquels ils vivent au quotidien ne marchaient plus, se sont mis à agir violemment. Je voyais déjà de l’entrée du laboratoire plusieurs hommes et femmes au sol, plusieurs vitres brisées, des voitures accidentées, des bruits d’explosion qui venaient des rues parallèles. En bref, une apocalypse que le calendrier maya n’avait pas prévue.
Tétanisé par l’ampleur des dégâts, je devais tout de même m’assurer que ma famille allait bien. J’ai alors dû traverser la ville à pied (car ma voiture bien sûr ne fonctionnait plus) en faisant attention au moindre bruit, et surtout en faisant attention à là où j’allais. Sur mon chemin, j’ai pu remarquer que l’ensemble des magasins, restaurants, épiceries étaient sens dessus dessous, je ne reconnaissais plus ma ville. Tout le monde s’était rué pour se fournir en provisions. En marchant, je me demandais si seule Toulouse était touchée ou l’Europe entière, le monde... Et le pire dans tout ça, c’est que personne ne savait comment la situation allait évoluer.
Ce soir, je n’en sais pas plus, à part que chez moi tout le monde est sain et sauf, malgré les émeutes. Cependant la menace d’un monde devenu fou est maintenant omniprésente. Je ne sais pas si j’aurai un jour la chance de pouvoir écrire à nouveau dans ce cahier. Peut-être à demain.
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